Editorial du 16 septembre 2017 : Double pardon

Dimanche dernier, la question était : faut-il pardonner ? Et comment y arriver ? Aujourd’hui, Pierre revient à la charge : « Combien de fois, Seigneur, devrais-je effacer le mal que m’a fait mon frère ? ». A croire que ce n’est pas simple – et nous le savons tous, d’expérience. Demander pardon est mail aisé, mais une fois l’absolution reçue, je me sens libéré, car restauré dans ma condition de frère et de fils. Pardonner est une autre paire de manches : en effaçant une dette à mon égard, je cesse d’être créancier, et je dois renoncer au pouvoir sournois que me donnait sur l’autre sa faute commise contre moi.

L’affaire du pardon se corse encore avec la parabole par laquelle Jésus éclaire Pierre. S’il m’est si dur de remettre une dette à quelqu’un, ne serait-ce pas parce que j’ai moi-même des dettes – et peut-être cent fois plus lourdes – envers d’autres ? Quel est donc ce démon qui nous rend si lucides sur les dettes d’autrui à notre égard, et si aveugles face à tout ce que nous devons, comme la vie et l’amour, à d’autre ? Le pardon, en fin de compte, est une question de vérité.

« Soixante-dix fois sept fois » ? Autant dire, selon la symbolique biblique, que le pardon n’est jamais à option, mais une ardente obligation. Et nous pouvons entendre, dans ce redoublement de totalité (le chiffre 7), que le pardon est plénitude : plénitude du don de Dieu – sans nul mérite de notre part –, et par conséquent plénitude de la miséricorde due à notre frère, sans conditions, puisque nous en sommes nous-mêmes bénéficiaires.

 Père Michel Kubler, 

 Missel du dimanche